Produire pour nourrir, produire pour lutter : produire pour gagner une vie meilleure !
02.03.2023 -
Collègues paysannes et paysans nous vivons des moments historiques par la mobilisation sociale actuelle.
Il est impératif d'établir le lien entre la Sécurité Sociale et sa branche retraite aujourd'hui attaquée, et le fait que ces droits ont été conquis par la lutte notamment ouvrière et syndicale.
En République Française grâce à la sécurité sociale qu'elle soit agricole ou générale nous pouvons être soigné.e.s, éduqué.e.s etc. Et après une vie de labeur nous pouvons bénéficier d'une retraite parce que ensemble nous cotisons.
Alors oui, effectivement, pour nous cette retraite est insuffisante, bien loin de correspondre aux enjeux agricoles pour lesquels nous nous battons avec notre syndicat : la Conf'.
Après être passé.e.s de 60 à 62 ans, il faudrait passer de 62 à 64 ans, avec des annonces de 1200€ pour tout le monde alors que c'est faux ! Notamment pour les paysannes avec des carrières hachées et des sous statuts. La question est :
« que devrait on faire pour justement partir à la conquête de droits meilleurs » ?
En 2019 avec la première tentative de réforme de la retraite du gouvernement Macron nous étions quelques un.e.s par notre initiative personnelle à se demander comment contribuer avec nos moyens et nos réalités à la défense de nos conquis sociaux. Nous avons commencé à « ravitailler les piquets de grèves » avec du pain, de la farine, des oeufs, des bières, du vin, des jus, de la viande, des légumes, du poisson de Loire, du miel, du fromage... Avec ce mots d'ordre :
« nous ne pouvons quitter nos fermes mais justement nous pouvons vous nourrir ! »
Ainsi dans un acte de solidarité nous avons pu installer les problématiques que nous vivons sur nos fermes dans le mouvement social. Et surtout nous avons conforté le besoin d'union car nous les « petit.e.s patron.ne.s » nous avons tendu la main aux « salarié.e.s » en leur disant c'est ensemble que nous pourrons conquérir de meilleures conditions en s'opposant aux politiques libérales destructrices de nos conquêtes sociales.
La Via Campesina, ce syndicat paysan international nous regarde du monde entier. Il est inutile de détailler les conditions de vie de la paysannerie hors occident qui sont bien éloignées des nôtres. On nous regarde, nous les paysan.ne.s français.es comme un phare dans la nuit bien conscients de nos droits si chèrement conquis. La Conf' accueille sa coordination internationale dans ses locaux à Bagnolet pour les prochaines années.
Alors dans cette nouvelle phase de lutte nous avons redémarré en Indre et Loire cette action mais avec un collectif appelé la Louche Finale. C'est une cantine qui se veut le lien entre nos fermes et les lieux de luttes. A chaque mobilisation depuis le 19 janvier des fermes de notre réseau Conf' approvisionnent via cette cantine le mouvement social. Nous prenons la parole au coté de l'intersyndicale. Et au coté des Conf' mobilisées partout en France nous avons contribué à une dynamique nationale qui s'est traduit le 7 février par un tracteur devant le 2ème cortège parisien, puis le 16 février par un approvisionnement de ce cortège parisien avec des produits de nos fermes.
Partout en France notre démarche réanime le lien « ouvrier et paysans » et nous donne une place à nous la Conf' dans cette lutte sociale qui est aussi climatique.
Nous sommes à la pause de la mi-temps. La première mi-temps nous a permis de mettre en place une
« stratégie » pour l'instant gagnante car nous avons imprimé les esprits dans le mouvement social mais aussi dans l'opinion publique. La deuxième mi-temps démarre le 7 mars et il s'agit d'aller encore plus loin dans notre organisation, notre unité, notre combat. Le mouvement social aura besoin de nous car les actions vont se durcir face à l'autisme du gouvernement et de la majorité présidentielle.
Et parce que c'est sur le terrain que se décident les actions nous n'avons pas à attendre des directives nationales c'est à nous sur le terrain de prendre l'initiative.
Nous, le comité départemental de la Confédération Paysanne de Touraine appelons toutes les fermes à se manifester pour nous dire quels produits pourront être disponibles pour ravitailler le mouvement social.
Nous ne demandons pas du don car produire sans même nous rémunérer nous coûte. Nous vous demandons de fournir à prix coûtant et selon les quantités que vous déterminerez.
Le 25 mars nous mènerons une autre lutte non moins historique dans le marais poitevin. Ce sera celle de la politisation de notre premier Commun sur Terre : l'EAU.
Nous poserons par une action internationale rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes, la question de la gestion non pas libérale mais démocratique de l'eau pour répondre aux enjeux agricoles et climatiques.
Ce sera une autre façon d'affirmer qu'« un autre monde est possible et nécessaire » en posant une alternative à la vision libérale du tout marché.
Le lien est évident entre Sécurité Sociale et branche retraite et gestion de nos communs avec l'eau... Des cortèges de tracteurs s'organisent, le ravitaillement aussi avec un collectif national inter cantine et les Conf' limitrophes.
Nous vous appelons dès maintenant à réserver et libérer cette date du 25 mars.
Nous vous appelons à nous informer de votre participation : tracteur, ravitaillement, participation...
Il se pourrait que nous ayons rendez vous avec l'histoire, cela dépendra de nous toutes et tous ...
Le comité de la Confédération paysanne de Touraine
