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AGRICULTURE PAYSANNE
23.02.2022

Salon politique à Vou : la Conf' détaille ses revendications

23.02.2022 -
Recensement agricole, partage de l'eau, élevage paysan et problématique de la grippe aviaire, revenu paysan et accessibilité de l'alimentation : des élu·es ont répondu présent à l'invitation de la Conf' mercredi. La députée Sophie Métadier, l'élue du Conseil régional Gaëlle Lahoreau, l'élue de Tours Alice Wanneroy et le maire de Vou sont restés deux heures à échanger sur les constats et propositions de la Conf'.

Frédéric Gervais, porte-parole de la Conf' 37 a présenté sa ferme où il accueillait la rencontre et raconté comment il était passé d'un modèle conventionnel productif à une transition vers plus de pâturage, moins de volumes de lait, et comment cette autonomie alimentaire lui avait permis de tenir et que sa ferme existe encore aujourd'hui. Il a détaillé ses deux préoccupations majeures : le changement climatique déjà, qui rend compliqué le travail, les semis, chaque année différente fait que l'expérience ne suffit plus, il faut de la recherche et de l'adaptation permanente, avec le stress de n'être pas sûr d'avoir de quoi nourrir son troupeau. Deuxième inquiétude : le départ en retraite, quitter la ferme où la famille est installée depuis un siècle, avec toutes les questions émotionnelles, économiques, fiscales, techniques que cela suppose. La transmission est un moment délicat. Ce sujet devrait être un enjeu national. Le recensement a confirmé récemment qu'en 10 ans 100 000 exploitations ont disparu en France ! Quand bien même le Ministère essaie de minimiser en disant que la baisse est moins forte que sur les 10 ans précédents, pour la Conf c'est un problème dramatique !

La députée Sophie Métadier a demandé comment soutenir l'installation ? Frédéric Gervais a décliné les leviers d'actions :
- au niveau européen une PAC* qui soutiendrait les actifs plutôt que les hectares, associée à une politique de régulation,
- le besoin d'une loi foncière avec la volonté politique de réguler le prix du foncier et de veiller au partage des terres, avec une Safer* forte,
- des revenus et des prix rémunérateurs,
- des retraites agricoles revalorisées, pour que la vente des fermes au prix fort ne soit plus un moyen de survie des paysan·ne qui partent en retraite,
- une meilleure image du métier et une formation agricole de qualité,
- accompagner les installations avec d'emblée la question de la transmission.
Constant, apprenti chez Frédéric a pu raconter son parcours et son envie de reprendre la ferme familiale de vaches laitières.

La Conf' a interpellé les élus sur la question de l'eau. Cyrille Derieux a détaillé la réalité des bassines existant dans le Poitou-Charentes, des méga-bassines de 8 à 13 hectares, qui ne sont pas remplies par les pluies mais bien par pompage des eaux de surface. Ce modèle qui compte sur des pluies diluviennes incertaines est obsolète. La Conf' n'est pas contre l'irrigation mais pour prioriser l'accès à l'eau. Cyrille Derieux a raconté comment il cultive des grandes cultures sans irrigation, avec un travail sur le choix des variétés et une valorisation de  la production grâce à la transformation. Et la maraîcher qui s'est installé chez lui a accès à la ressource en eau, où il peut prélever l'eau nécessaire à sa production à valeur ajoutée, dans des volumes sans commune mesure par rapports aux prélèvements des voisins qui irriguent du maïs semences.

Romain Henry a ensuite expliqué le pas de côté que souhaite faire la Conf', en partant du constat qu'actuellement le salaire médiant est de 350 € chez les paysan·nes (bien loin su SMIC*), que donc beaucoup ne vivent pas de leur production. La politique de l'offre ne marche pas, elle va toujours vers du moins disant social, détruisant au passage les agricultures du Sud. La souveraineté alimentaire dont tout le monde parle aujourd'hui ce n'est pas juste que tout le monde ait à manger (ça c'est la sécurité alimentaire), la souveraineté alimentaire c'est comment on veut manger. Il faut arrêter la politique de l'offre et partir des besoins. Il y a un contrat social entre les paysan·nes et le pays, et s'il faut monter en gamme pour des aliments de qualité il faut que ça se paie. Côté consommateurs il y a en France 8 millions de gens à la banque alimentaire, ça devrait être un scandale ! Et 14 millions dans la précarité alimentaire, c'est-à-dire qui ne choisissent pas ce qu'ils mangent. Pour que les paysans se rémunèrent et que les gens aient accès à une alimentation de qualité la Conf' explore des possibles : la Sécurité sociale de l'alimentation, sur le modèle de la sécurité sociale appliquée à l'alimentation, pour plus de démocratie alimentaire sur quelle agriculture/alimentation on veut et quel argent on met dedans. Il faut qe le travail paysan soit rémunérateur, au lieu d'avoir besoin  du photovolatïque, etc, sinon on s'éloigne de notre mission.

Il a également été fait un point sur l'élevage de plein air, mis à mal cette année encore par la grippe aviaire. Ce rendez-vous politique devait d'ailleurs se tenir sur une ferme de volailles, mais la Conf a préféré changer de lieu car un foyer de grippe aviaire dans le secteur faisait courir un risque de contamination à l'élevage. Paola Sassier, installée en maraîchage et poules pondeuses, a témoigné de son métier « passion » et du choix du plein air pour les volailles pour respecter les animaux et leur bien-être. Or cette année encore l'épidémie de grippe aviaire contraint les éleveurs à claustrer les volailles. Ce qui conduit à un mal-être voire une mortalité des volailles, notamment dans les bâtiments où elles ne sont d'habitude abritée que la nuit. S'en suit également une baisse de rendement parfois (baisse de ponte) et une baisse de la qualité du produit. Après avori beaucoup bataillé pour obtenir des dérogations, cette année la Conf' a obtenu une avancée : une dérogation pour les volailles de chair en élevages autarciques et vente directe, qui peuvent faire sortir les volailles (avec quelques conditions comme réduire les parcours). Une avancée importante car l'élevage paysan patît de normes adpatées à l'élevage industriel qui avec des volailles réunis par milliers et avec beaucoup de flux de volailles vivantes contribuent fortement à diffuser l'épidémie.
La Conf' nationale demande un moratoire sur les conditions de reprises de la production après l'épidémeie. Avant tout redémarrage, il faut agir sur les densités d'élevage, les flux de transports d'animaux et d'humains et mettre enfin en place des analyses de risques par exploitation. C'est à l'Etat de reprendre en main la gestion de la grippe aviaire. L'élevage paysan est la solution ; le plein-air l'avenir.

Pour finir, il a été souligna lé particularité de la Conf' 37, qui a à coeur de travailler en lien avec d'autres collectifs : les centres sociaux, la SEPANT, les syndicats locaux de salariés, etc. Car pour la Conf', plutôt que de rester sur un Ministère de l'agriculture il est temps de passer à un Ministère de l'alimentation, et ça, ça se travaille avec toutes celles et ceux qui mangent !

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