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VIE LOCALE
24.01.2020

Lancement d'un « observatoire de l'agribashing » : une fausse solution

21.01.2020 -
Ce vendredi 24 janvier, la préfecture d’Indre-et-Loire organise le lancement de l’observatoire de l’« agribashing ». La Confédération paysanne a profité de l'occasion pour affirmer que la remise en cause de l’actuelle politique agricole et alimentaire dominante n’est pas de l’« agribashing », mais est au contraire une urgence sociale, économique et écologique. Il y a certes des problèmes de relation et de compréhension entre les agriculteurs et la société civile, mais le monde agricole ne peut pas simplement se poser en victime sans remettre en cause ses pratiques et façons de faire.

La Confédération paysanne condamne fermement et sans ambiguïté les violences physiques, voire criminelles, envers les paysan·nes et leurs animaux, notamment de certains individus ou groupes antispécistes, comme L214, qui combattent l'élevage quel qu'il soit. La Confédération paysanne ne nie pas non plus le fossé qui existe parfois entre des consommateurs déconnectés du vivant, qui s'approvisionnent en grandes surfaces, et des agriculteurs qui travaillent au quotidien dans les territoires ruraux.

Mais la Confédération paysanne dénonce le concept d'« agribashing » (1) qui empêche les paysan·nes de réfléchir au dialogue possible avec la société. Ce concept les empêche également de prendre conscience de l'impasse sociale et financière dans laquelle ils ont été conduits. Le terme d'« agribashing », au lieu de défendre les paysan·nes, ne fait qu'attiser le ressentiment des consommateurs vis-à-vis du projet agro-industriel de la FNSEA*/JA* : ce modèle qui agrandit et spécialise les fermes à outrance, qui endette les paysan·nes, qui traite les animaux comme du minerai, qui promeut l'emploi de pesticides de synthèse à l'encontre des demandes sociétales et qui contribue au réchauffement climatique par ses pratiques.

La Confédération paysanne dénonce surtout une violence bien plus grande qui pèse sur tou·tes les paysan·nes depuis si longtemps : la violence du système libéral mis en place depuis plus de 60 ans par le syndicat FNSEA*/JA* en cogestion avec l'État. Avec l'aide des entreprises agro-industrielles et de la grande distribution, ce système maintient volontairement le monde agricole dans la dépendance économique par des politiques qui ont fait tant de dégâts sociaux et environnementaux et qui sont à l'origine du mal-être d'une grande partie des paysan·nes.

Parler d'« agribashing » ne servira qu'à détourner les regards de ce système économique de prix bas qui oppresse les paysan·nes et trompe les consommateurs. Et à empêcher de parler de la réalité des paysan·nes et de l'urgence climatique à changer de modèle.

Plutôt que de miser sur ce nouvel observatoire, la Confédération paysanne préfère continuer à construire une relation d'échange et de confiance avec la société, pour accompagner au mieux la transition agroécologique et le vivre-ensemble dans les campagnes. La remise en cause de l'actuelle politique agricole et alimentaire dominante n'est pas de l'« agribashing », elle est au contraire une nécessité devant l'urgence sociale, économique et écologique. Il est vital de changer de modèle et de rompre avec l'agriculture industrielle. La Confédération paysanne s'active pour mettre en place une agriculture paysanne qui pourra répondre aux attentes sociétales : installer des paysan.ne.s nombreux, créer des emplois et du lien social en milieu rural, cultiver la biodiversité et assurer la sécurité alimentaire de nos territoires dans un contexte complexe de changement climatique.

(1) Agribashing : pour la préfecture l'agribashing est une "stigmatisation des activités agricoles", qui "conduit à une multiplication des actes d'incivilité, d'intimidation voire de violence envers les professionnels de l'agriculture". Face à "l'amplification du phénomène", le Ministère de l'agriculture a lancé des observatoires départementaux sur le sujet pour faire un état des lieux et élaborer des solutions "efficaces et concertées".

A lire aussi : une tribune dans Reporterre : Le gouvernement a créé une cellule militaire pour surveiller les opposants à l'agro-industrie signée notamment par Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne

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