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FONCIER
09.04.2018

Stop à l'accaparement des terres : trois petites fermes valent mieux qu'une grande !

10.04.2018 -
La Conf' de Touraine a mené lundi 9 avril une action pour dénoncer l'accaparement des terres agricoles par des investisseurs, qui se fait au détriment des paysan-nes qui veulent accéder à quelques hectares pour s'installer ou conforter leurs fermes. Au détriment, également, de nous tou-tes qui voyons les paysages et l'alimentation s'uniformiser et la vie dans les campagne diminuer dramatiquement.

 

Actuellement, il n'est pas rare que des terres agricoles soient achetées par lots de centaines d'hectares, par des sociétés qui ont les moyens d'investir, au détriment de paysan-nes qui auraient besoin de quelques hectares pour s'installer ou conforter leur ferme. La Confédération paysanne avait dénoncé déjà par exemple une acquisition de 725 hectares dans le Lochois en février dernier (Lire ici).

Parfois les acheteurs utilisent ensuite les compétences de ceux qui ne peuvent plus être paysan-nes en les prenant comme salarié-es ou, pire, comme prestataires de services. La prestation, qui s'appelle « travail à façon » dans le monde agricole, cela veut dire que celles et ceux qui travaillent la terre comme prestataires sont à le merci des décisions des propriétaires, sans aucune maîtrise de leur activité ni sur les techniques ni sur l'avenir de ce travail. Serait-on en train de vivre un retour au servage ?

Cet accaparement foncier de grande échelle est encouragé par l'absence d'encadrement du prix de la terre agricole : suivant la loi du marché, c'est le plus riche qui achète la terre, peu importe s'il préfère en faire un terrain de chasse plutôt qu'une production pour nourrir les gens qui habitent autour. Le fait que les aides européennes agricoles soient très liées à la surface, sans plafonnement, encourage également les gros à accumuler des surfaces de plus en plus importantes.

Alors qu'un nouveau cas d'achat d'une surface de plusieurs centaines d'hectares serait en cours dans le Bouchardais, par une société déjà propriétaire d'autres parcelles agricoles, la Confédération paysanne de Touraine a souhaité mettre en lumière cette dérive foncière et réclamer :

- une loi foncière qui encadre le prix pour limiter la spéculation sur la terre agricole ;

- le plafonnement des aides publiques par ferme et la prise en compte du nombre d'actifs qui travaillent sur la ferme dans le calcul des aides ;

- et des moyens pour que la Safer* et la CDOA* puissent réellement jouer leur rôle, c'est-à-dire contrôler la taille des structures et les transactions foncières, et dans les cas où plusieurs candidats sont intéressés par des terres : donner la priorité aux paysan-nes qui cherchent à s'installer ou conforter leur ferme.

La future loi foncière, actuellement en discussion, doit absolument prendre en considération ces revendications pour inverser la tendance. Car dans les conditions actuelles, quasiment impossible pour un candidat à l'installation de se positionner face à des investisseurs prêts à acheter des centaines d'hectares : s'il apprend qu'un compromis de vente a été signé sur des parcelles qui l'intéressent, le candidat a quinze jours pour se positionner. Quinze jours c'est très court, surtout si les surfaces sont considérables et qu'on pourrait imaginer, en s'en donnant les moyens, installer plusieurs fermes sur la surface totale. Et, sans pression des pouvoirs publics, le propriétaire préférera de toutes façons bien souvent vendre à celui qui achète le tout, plutôt que séparer en plusieurs lots.

A la Confédération paysanne, depuis trente ans nous sommes convaincus que trois petites fermes valent mieux qu'une grande, pour les paysan-nes mais aussi pour pour l'environnement, la vie dans les campagnes, l'emploi, le paysage. C'est pourquoi nous continuerons de nous battre pour que les politiques publiques soutiennent des installations nombreuses partout sur le territoire et ne restent pas impassibles devant des investisseurs qui s'accaparent l'espace par lots de centaines d'hectares à coups de millions d'euros !

Hasard du calendrier, cette action, calée sur les échances de la Safer* d'Indre-et-Loire, est tombée en même temps que l'intervention policière à Notre-Dame-Des-Landes. En ce jour particulier, la Confédération paysanne de Touraine tient à apporter son soutien à toutes celles et ceux qui subissent en ce moment l'évacuation brutale de la ZAD, qui met en péril, entre autre, la réflexion collective sur l'avenir de ces terres agricoles sauvées de l'urbanisation.

 


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